L’hypnose sèche

L’hypnose sèche

Pendant les échanges avec mes homologues hypnothérapeutes, nous abordons les cas qui nous ont marqués ainsi que les techniques et outils que nous utilisons lors des séances d’hypnothérapie.
Et je me suis rendu compte, à la faveur de ces échanges bienvenus, que de plus en plus, j’utilisais une technique nommée « l’hypnose sèche« .

Qu’est-ce que l’hypnose sèche ?

hypnose sèche

L’hypnose dite sèche, est une hypnose sans suggestions formulées par le praticien.

J’ai souvent déroulé la partie « thérapeutique » de la séance avant d’utiliser l’hypnose sèche.
Et à la faveur du ressenti que j’ai de mon consultant, je lui propose de le laisser tranquillement explorer l’expérience ou son univers, que « dans quelques instants je vais me taire et laisser la place au silence, qu’il peut prendre tout le temps nécessaire qu’il souhaite, pour vivre ses aventures, explorer son espace ou aller faire une ballade où bon lui semble » (je vous entend déjà me dire que l’air de rien c’est encore une suggestion… et vous n’auriez pas tort).

Je lui annonce donc que je me mets en retrait, que je me tais et que c’est à lui de continuer, et quand ce sera bon pour lui, qu’il aura pris tout le temps nécessaire, à son rythme, et quand il sentira que c’est le bon moment il pourra me faire un petit signe de la tête (signaling).

Cela peut durer quelques dizaines de secondes à une bonne dizaine de minutes.
Pendant ce temps je suis très attentif aux signes et réactions de la personne en face de moi.
Un peu comme un gardien je veille sur lui, je l’observe vivre ses aventures intérieures, et je peux voir plein de choses s’exprimer… ici un léger sourire qui se forme au coin de la bouche, là une émotion qui se présente et que la personne gère avec une inspiration spécifique ou des larmes qui apparaissent.
La tête dodeline souvent légèrement, les épaules se détendent, s’ouvrent ou bien se recroquevillent…

Bref, nombreux sont les signes que cette expérience non guidée par le praticien se déroule.

Bon, de là à dire que les gens se reposent quand je me tais 🙂 ….

L’hypnose sèche en complément

C’est avant tout pour moi une technique complémentaire.

Cette expérience d’hypnose sèche, cet état d’hypnose, est pour moi un moyen de donner un premier contact fort à mon client avec l’hypnose. Cette expérience se déroule entre l’hypnose et le consultant, en autonomie, et je pense que c’est une brique du « socle thérapeutique » intéressante qu’on cherche à installer entre le consultant, la pratique et le praticien.

A mon sens le consultant intègre cette expérience de manière plus profonde, plus durable. Comme si cela le marquait d’avantage. C’est une manière de lui (re)donner la maîtrise, et de lui montrer qu’il est capable de le faire sans le praticien.

Souvent, quand la personne sort de la transe, elle me dit avec un sourire quelque chose comme : « j’étais bien, je n’avais pas envie de revenir tout de suite« …

Je fais donc en sorte, en étant le plus à l’écoute de mon consultant, que ce soit le bon moment pendant la séance où je fais un bout d’hypnose sèche. Pour lui comme pour moi c’est une écoute sans parole, un moment où on « déparle ».

Bénéfices de cette technique

L’hypnose sèche représente certains avantages pour moi. Son approche non directive laisse une grande liberté au sujet, favorisant l’autonomie du processus thérapeutique, la place à l’imaginaire. Aussi, l’absence de suggestions limite les éventuels biais et influences, à la faveur d’une exploration plus profonde et plus personnelle de l’inconscient.

C’est également un moment où je repose ma voix, où je reprends éventuellement mon propre souffle, une sorte de mini-pause dans l’engagement que je mets dans la séance.

Aussi, on peut penser que d’une part ce que l’on a nommé un temps « hypnose sèche » peut être très inconfortable pour le consultant car on pourrait penser qu’il est laissé à lui-même sans cadre apparent (ce qui est en partie vrai, mais la séance est déjà un cadre), que ce peut être incommode de se sentir/savoir en état hypnotique sans suggestion.

D’autre part on pourrait penser qu’il peut être préférable de donner une tâche même simple aux consultants lors des premières inductions hypnotiques, plutôt que de les laisser simplement éprouver l’état hypnotique et la plongée dans leurs propres pensées, sans support.

Mais je me dis que cela peut permettre de progressivement familiariser les personnes avec le laisser-faire, y compris des pensées. C’est une expérience qui consolide aussi les exercices d’auto-hypnose proposés.

Je conclurais en vous disant que…

Une fois l’induction faite, je laisse simplement la personne explorer cet état hypnotique en n’intervenant que pour relancer ou arrêter la transe. Cela peut sembler un peu « abrupt » de mettre la personne en hypnose puis de laisser se produire certaines autorégulations, avant même l’aspect thérapeutique, sans objectif défini, sans objectif conscient.

Je suis convaincu que l’expérience hypnotique, sans intervention, peut être en elle même curative, car l’état d’hypnose est lui même curatif, au sens émotionnel s’entend, et que cette technique complémentaire plutôt simple à mettre en place, redonne de la liberté, de l’autonomie à la personne durant cette expérimentation de l’hypnose sèche.